le 30/04/2020
-La crise Covid-19 a souligné les limites du système de protection sociale des travailleurs indépendants, et met en péril la réforme des retraites, comme celle de l’assurance-chômage.
La crise sanitaire déclenchée par le Covid-19 nous rappelle, si besoin était, l’importance d’avoir un système de protection efficace pour tous les citoyens. La Sécurité sociale, telle que nous la connaissons, est d’ailleurs née à la suite d’une autre crise historique majeure, la Deuxième Guerre Mondiale, avec les grandes ordonnances des 4 et 19 octobre 1945, conformément à la ligne adoptée par le Conseil national de la Résistance.
Les défis de demain
Notre système de Sécurité sociale obligatoire et universelle a été durement éprouvé par la pandémie. Au sortir de la crise, son déficit devrait avoisiner les 41 milliards d’euros, une ardoise sans précédent. Ce déficit est lié à la hausse des dépenses de santé mais surtout à une perte de recettes estimée à une vingtaine de milliards d’euros. La mise à l’arrêt de l’économie a généré une baisse des cotisations sociales et de la CSG, qui financent notre système de protection sociale.
À ce premier défi, s’en ajoute une série d’autres. Au regard de la démographie, la France est une population vieillissante. L’espérance de vie augmente de 3 mois tous les ans. Les générations du baby boom arriveront massivement dans le grand âge à partir de 2030. Ce bouleversement de la pyramide des âges, outre qu’il pèse significativement sur les dépenses de retraites, pose la question de la prise en charge adaptée de la dépendance.
Retraite, assurance-chômage : quel avenir pour les réformes en cours ?
Le gouvernement avait quasiment bouclé la réforme des retraites lorsque la crise sanitaire a éclaté. Jugé trop clivant, ce projet de réforme ne devrait pas être repris pour le moment voir remis à un prochain quinquennat. Même avenir pour la réforme de l’assurance-chômage. L’exécutif a suspendu jusqu’en septembre le second volet de la réforme qui modifiait les règles de calcul de l’allocation pour les travailleurs les plus précaires, ainsi que dégressivité des allocations, au bout de 6 mois, pour les plus hauts salaires.
Pourtant, la crise sanitaire met en lumière des points nécessaires de réforme, comme par exemple le statut des indépendants, une population hétérogène regroupant aussi bien des dirigeants d’entreprise, que des commerçants, des agriculteurs, des professions libérales ou encore des indépendants. Ces travailleurs non-salariés, même si certains d’en eux bénéficient du fonds de solidarité, sont moins bien protégés que les salariés du secteur privé en cas de crise.
Dans ce contexte, convient-il de revoir le système de protection sociale des indépendants et leur prévoir un système d’assurance chômage dédié ? Cette interrogation est d’autant plus cruciale que le nombre de travailleurs indépendants est en hausse. D’après la Fondation Travailler Autrement, ces 15 dernières années, les emplois non-salariés ont augmenté deux fois plus vite que les emplois traditionnels.